L'intimité - Victor LADOU

Publié le par Cosmic Twins Bastards

Il y a plusieurs étapes obligatoires dans la vie de couple. Le flirt, le premier rencard, le premier baiser, la première fois, j’en passe et des meilleures. Mais tout cela n’a qu’un seul but, nous faire grimper dans l’échelle de l’intimité avant de tomber dans un quotidien affligeant de banalité.
 
Bonjour. Je m’appelle Victor LADOU et j’ai 33 ans.  Je mesure 1m88 pour 77 kilos. Je suis brun aux yeux verts. Et aujourd’hui, je deviens intime comme un savon féminin.
 
Le premier level (oui, je suis anglophone ET gamer) dans l’intimité se trouve dans le flirt. On se dévoile juste un tout petit peu avec celui ou celle qui pourrait devenir l’être aimé : passions communes et inavouées (non, toi aussi tu es fan de curling), partage d’instants sacrés où l’on se rend compte qu’on partage les même références (oui, moi aussi j’ai pris une flèche dans le genou), ou bien les même goûts culinaires (c’est fou, moi aussi j’adore le chili con carne).
 
Puis vient le premier rencard. Je suis un peu vieux jeu, mais cela doit forcément passer par une sortie, au restaurant par exemple. Le repas est l’un des premiers vrais moments intimistes.
 
C’est souvent là que tout se décide. Si on veut être sûr de plaire à la personne avec qui l’on partage son pain, (donc littéralement son compagnon ou sa compagne), on a tendance à faire preuve de mimétisme.
 
On veut aussi impressionner l’être que nous sommes en train de faire succomber à nos charmes. On pourra, par exemple, acheter cette rose hors de prix que nous tend un homme originaire d’un quelconque pays sous-développé. Ou rajouter du Tabasco dans son chili con carne.
 
Puis, vient le premier baiser. Instant où l’on mélange nos flux salivaires et, s’il arrive après un bon repas, les restes de nourriture. Ce qui peut vous faire vous demander si le chili con carne était une bonne idée.
 
Si vous êtes chanceux, alors elle vous enverra un signe discret, en vous invitant à venir boire un verre chez elle par exemple, pour vous faire comprendre qu’elle est prête à passer à l’étape suivante de l’intimité.
 
Peut-être même vous proposera t’elle un Netflix and chill (y con carne of course).
 
Attention : déménager un meuble ne peut être considéré comme un signe.
 
Je fais l’impasse sur la folle nuit torride que vous allez passer ensemble, parce que niveau intimité, y a du lourd.
Déjà, se retrouver nu comme un ver, c’est dur de faire plus intime, mais on le peut toujours, croyez-moi.
 
Il y a la peur du jugement lié à sa cellulite, à vos bourrelets, à ses seins, à la taille de votre pénis (inversez les adjectifs possessifs si vous appartenez au sexe opposé au mien. Si vous appartenez aux deux à la fois, et bien, débrouillez-vous).
 
Parfois même, en apercevant sa pilosité, vous pourrez regretter qu’il ou elle soit velu(e), pardon venu(e)…
 
Et viendra ce fabuleux instant où vous pénétrerez (enfin) son intimité, au sens littéral ce coup-ci. Suivi rapidement par cet inoubliable moment où vous vous laisserez aller à l’orgasme avec ces expressions faciales si, comment dirais-je, expressives. Et souvent accompagnées de grognements de satisfaction. Vous voyez de quoi je parle mesdames, hein ?
 
Pour celles d’entre vous qui ne connaissent pas ce qu’est un orgasme (féminin ou masculin), qui sont majeures et dotées d’une poitrine plus que généreuse, je vous proposerai bien de m’écrire, mais je doute que Zoé (33 ans - 1m66 – 55 kilos) apprécie grandement cet élan de générosité de ma part. Surtout depuis que nous sommes devenus intimes.
 
Puis vient le premier réveil auprès de l’être aimé. Après avoir passé une nuit à se demander comment une petite chose si fragile et menue pouvait ronfler comme un bucheron canadien.
 
De son côté, cette petite chose si fragile et menue s’est rendue compte qu’elle a passé la nuit auprès d’une véritable usine à gaz et espère que c’est uniquement dû au chili con carne ingurgité la veille.
 
Cela ne vous empêche pas d’admirer cette petite tête endormie émergée des couvertures, comme à la recherche d’un air plus frais, avec une jolie trace d’oreiller le long de la joue (mais, est-ce bien l’oreiller qui a laissé cette trace longiligne).
 
Les cheveux en bataille, avec une frange que les frères Farrelli n’auraient certainement pas renié (d’autant plus si vos souvenirs de la nuit dernière concernant ses cheveux sont exacts).
 
Vous vous penchez alors amoureusement pour l’embrasser, en vous demandant si votre haleine ne trahit pas le chili con carne de la veille, avant de vous attendrir devant ce mignon filet de bave séché aux coins des lèvres (avant de céder au doute quant à sa composition exacte eu égard aux ébats de la nuit et de la rigidité de sa frange).
 
Le dernier jalon de l’intimité se trouve dans l’expulsion du repas de la veille, en clair, l’acte de défécation. Et c’est à ce moment que vous essayerez de faire le moins de bruit possible, avant de que vous mettre à chercher ardemment la brosse et le désodorisant d’atmosphère.
 
Bonjour. Je m’appelle Victor LADOU. Et je regrette amèrement mon chili con carne de la veille…

Publié dans Victor LADOU

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C
Comme quoi l'amour rend aveugle..... et insensible à toute odeur......
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